Enquête auprès des personnes sans domicile (1994-1995)

Le but de l'enquête était de proposer "un schéma d'investigation qui permette de connaître de façon aussi scientifique que possible la situation des personnes exclues du logement, les processus qui les ont conduites à cette exclusion et les obstacles qu'elles rencontrent dans la recherche d'un logement". ____ La France des années 50 avait déjà connu une importante crise du logement, en raison notamment des lenteurs de la reconstruction et de l'exode rural qui avait suivi la dernière guerre. Dans le début des années 90, la crise qui sévissait semblait pourtant de nature différente. Elle se situait dans un contexte de difficultés économiques et de fragilisation des emplois, et dans une période où les liens familiaux et sociaux étaient aussi plus fragiles ; ses facteurs se combinaient avec une disparition progressive du "parc social de fait", c'est-à-dire des logements inconfortables mais bon marché, qui étaient détruits ou rénovés avec un remplacement de leurs habitants par des personnes plus aisées. Différents observateurs s'accordaient à relever la montée du nombre des sans-abri en France, ainsi que les modifications de certaines de leurs caractéristiques : ils étaient plus qu'auparavant des femmes, des jeunes, des immigrés... Toutefois, cette population fortement hétérogène demeurait mal connue en raison des difficultés méthodologiques auxquelles se heurtaient les approches statistiques. En particulier, si les différentes estimations "sauvages" fleurissaient, il n'existait pas au niveau national d'estimation fiable de leur nombre. C'est pourquoi, en 1993, la réalisation d'une enquête nationale fut demandée, au sein du Conseil National de l'Information Statistique (CNIS), par les associations et certains syndicats de salariés. Il s'agissait de disposer d'informations qualitatives et quantitatives, pour préciser l'ampleur du phénomène et repérer non seulement les personnes exclues du logement mais aussi celles menacées de l'être. L'enquête auprès de la clientèle des services destinés aux sans domicile réalisée par l'Ined à Paris s'est insérée dans ce vaste projet. Dans le but de proposer "un schéma d'investigation qui permette de connaître de façon aussi scientifique que possible la situation des personnes exclues du logement, les processus qui les ont conduites à cette exclusion et les obstacles qu'elles rencontrent dans la recherche d'un logement", plusieurs enquêtes se sont déroulées en France pendant l'hiver 1994-1995, dans des zones géographiques réduites. L'expérimentation de l'Ined est une adaptation au cas français de méthodes testées aux Etats-Unis. L'"Enquête auprès des personnes sans domicile" avait comme objectif essentiel d'étudier les conditions de réalisation et d'extension à une plus grande échelle d'enquêtes de ce type, et d'élaborer des recommandations en vue d'aboutir à une meilleure prise en compte des personnes sans domicile dans le recensement général et la population, ainsi que dans les enquêtes qui se déroulent ordinairement auprès des seuls ménages logés. Il en était également attendu une première exploration des processus conduisant à la situation de sans domicile. Pour ce faire, ce sont les personnes sans domicile "au sens strict" à qui l'Ined s'est adressé, c'est-à-dire les personnes dormant dans des centres d'hébergements (urgence ou longue durée) ou dans "la rue" (y compris parkings, gares, et autres lieux non prévus pour l'habitation). L'enquête est représentative de celles de ces personnes qui utilisaient les services d'hébergement et de distribution de nourriture (y compris soupe et café, la nuit) à destination des personnes sans domicile. Ont aussi été enquêtées les personnes dans des situations proches ou frontières rencontrées dans des centres de distribution de nourriture : les personnes en squat, ainsi que celles qui se déclaraient hébergées mais pas de façon régulière, répondaient au même questionnaire que les personnes n'ayant pas de logement ; celles hébergées de façon régulière et celles ayant un logement répondaient à une questionnaire très proche, mais qui décrivait leur conditions de logement actuelles (afin de repérer les situations d'inconfort, de surpeuplement, les risques d'expulsion, ainsi que les éventuelles périodes sans logement connues dans le passé). Les travaux de l'Ined ont été réalisés sous l'égide du CNIS, en partenariat avec les associations et les autres organismes se préoccupants des sans domicile, avec le concours de la Commission des Communautés européennes, du Ministères de l'Equipement, du Ministère des Affaires sociales, de la Santé et de la ville, et de la Fondation Abbé Pierre.

Probabiliste : grappe Il s'agit d'un sondage à deux degrés portant sur les utilisateurs/bénéficiaires des service du type hébergement, distribution de nourriture et de repas chauds (y compris itinérants). La contrainte d'exhaustivité sur la liste des services de chaque type a conduit à envisager seulement trois types de services : - les centres de distribution de repas gratuits et points-soupe (dont la prestation est le repas); - les centres d'hébergement d'urgence (dont la prestation est la nuitée d'un adulte); - les CHRS (centres d'hébergement et de réinsertion sociale) et centres de longue durée (dont la prestation et aussi la nuitée d'un adulte). La méthode de sondage employée a consisté à tirer au hasard un échantillon de prestations individuelles parmi les centres de la zone pendant une période donnée, et à enquêter leurs bénéficiaires. Il a donc fallu dénombrer ces prestations, les sonder et en déduire les probabilités de tirage induites pour les personnes sélectionnées, en tenant compte de l'usage multiple des services de la base de sondage. Les unités primaires sont les centres-jours, c'est-à-dire l'ensemble des prestations distribuées dans un centre donné tel jour d'enquête (ainsi aucune unité primaire n'a été tirée plusieurs fois alors que certains centres l'ont été à des jours distincts). Les lieux et les jours ont donc été échantillonné. Le tirage des centres s'est fait proportionnellement à leur capacité d'accueil hebdomadaire (pour tenir compte des jours de fermeture). Pour chacune des quatre semaines d'enquête, quatre des cinq journées ouvrées ont été tirées au sort et affectées par choix raisonné aux centres tirés. Six centres étaient désignés pour chaque jour d'enquête, soit quatre-vingt-seize unités primaires (centres-jours) correspondant à cinquante-six centres différents. Pour réduire la variable imputable à l'hétérogénéité des clientèles des centres, on a procédé à un tirage sans remise après une "stratification implicite", les centres étant, pour chacune des deux bases, triés par catégorie de population accueillie (centres pour hommes seuls, pour hommes et femmes, pour hommes et femmes et couples avec enfants, pour femmes avec enfants, pour femmes seules), puis par taille décroissante. Les centres de repas étaient directement classés par taille. Le tirage des unités secondaires (les prestations) s'est fait aléatoirement à raison de six prestations par unité primaire (centre-jour) enquêtée. Le passage de la prestation à son bénéficiaire s'est fait par le calcul de la pondération, qui tient compte de la probabilité de présence de ce dernier dans les différentes bases de sondage. Enfin, la sélection des personnes à interroger s'est fait de la manière suivante : - pour les sites sans liste préalable (comme les points-soupe), il s'agissait de prendre une personne sur trois dans une file et d'enquêter la première qui acceptait, puis de recommencer à l'issue du premier entretien ; - pour les sites disposant d'une liste établie d'avance (comme une liste de lits ou de personnes accueillies dans les centres d'hébergement), le tirage se faisait par échantillonnage systématique (tirage à partir d'un rang aléatoire dans la liste puis selon un pas calculé en fonction du nombre moyen de prestations par jour).Probability.Cluster

Entretien en face-à-face : papier et crayon (PAPI) L'enquête se déroulait de jour, auprès des utilisateurs des services du type hébergement, distribution de nourriture et de repas chauds, y compris itinérants. Environ 6 personnes par site étaient tirées et se voyaient proposer l'enquête. L'enquête précisait toujours que l'enquête était facultative, totalement anonyme et confidentielle.Interview.FaceToFace.PAPI

Identifier
Source https://www.zotero.org/groups/1909419/publications_non_ined_sur_enquetes_ined/items/collectionKey/X5RUAZD9
Metadata Access https://datacatalogue.cessda.eu/oai-pmh/v0/oai?verb=GetRecord&metadataPrefix=oai_ddi25&identifier=4257085684fff73bbea56ad3c6de228bf3042bf2333e289c5c3cb409a7098e5e
Provenance
Creator FIRDION Jean-Marie; MARPSAT Maryse
Publisher Institut national d'études démographiques (Ined)
Publication Year 2005
Funding Reference Institut national d'études démographiques; Communauté économique européenne; Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville; Ministère de l'Equipement
Rights Les fichiers diffusés dans le cadre de Quetelet-PROGEDO-Diffusion sont accessibles aux chercheurs français et étrangers, doctorants, post-doctorants, et étudiants de master à des fins de recherche, de production scientifique et dans certains cas d'enseignement. Toute utilisation commerciale est exclue. Les critères d'une finalité de recherche sont la production ou reproduction, dans un but de validation de connaissances nouvelles de portée générale. Les résultats sont publics et libres de diffusion.
OpenAccess true
Contact https://www.ined.fr/
Representation
Language French
Resource Type Données d'enquête
Discipline Social Sciences
Spatial Coverage Centres de Paris intra-muros et centres de banlieue (centre d'accueil et de soins hospitaliers de Nanterre et centre Corentin Celton d'Issy-les-Moulineaux) où sont conduites des personnes amenées de Paris par autobus; France