Au cours de ces dix dernières années, la question de la prise en charge socio-éducative (garde et socialisation) des jeunes enfants non encore soumis à l'obligation scolaire s'est transformée en véritable problème de société. La demande familiale de plus en plus pressante et la pénurie de lieux de garde obligent les collectivités publiques (communes urbaines, cantons) à faire face à une série d'interpellations politiques pour aborder de front la question des subventionnements et définir une politique (sociale, familiale, éducative) de la petite enfance. Dans ce contexte, le projet de recherche s'articule autour de trois volets liés entre eux. 1) Un recensement-"état des lieux" qui prend en compte, pour l'ensemble des cantons romands et le Tessin, le développement des équipements socio-éducatifs destinés aux enfants non encore scolarisés (typologie des services offerts, capacité d'accueil et taux de fréquentation, professionnalisation de l'encadrement éducatif, participation des parents, modes de financement et taux de subventionnement, etc.) dans l'optique d'une comparaison intercantonale (enquête auprès des institutions existantes). 2) Une analyse-évaluation comparée des deux modes de garde complémentaires ou concurrents, selon les points de vue, qui sont mis à la disposition des parents qui travaillent: les crèches-garderies et les services de "mamans de jour". La recherche montre que ces deux solutions de garde correspondent à deux modèles de socialisation et à deux logiques de prise en charge différenciées (la professionnalisation vs. l'entraide et le semi-bénévolat). Une enquête auprès des utilisateurs aborde par ailleurs la question des clientèles et des préférences et stratégies parentales. L'intérêt de cette comparaison réside dans le fait que l'opposition entre ces deux modes de garde fonctionne comme le révélateur des incertitudes de la politique de la petite enfance en train de se mettre en place dans les cantons romands. 3) La mise au point d'un instrument d'exploration des stratégies projetées par les parents pour la prise en charge de leurs jeunes enfants et une analyse secondaire des enquêtes suisses auprès de la population active (ESPA) en ce qui concerne les ménages avec enfant de 0-5 ans, de manière à dégager des indicateurs permettant d'aborder la question du recours potentiel aux services de garde en relation avec le marché du travail.