Pour cette recherche, nous avons considéré que les opinions relatives à l'école et à la formation sont des indicateurs de la manière dont les acteurs sociaux se divisent selon différents facteurs (âge, niveau de formation, attitudes sociopolitiques, insertion socioprofessionnelle...). A l'origine de cette étude, il y a le constat de l'inexistence en Suisse de travaux scientifiques fiables et d'envergure nationale étudiant les opinions ayant cours dans la population au sujet de l'éducation et de ses objectifs, de la place de l'enseignement dans la société, du fonctionnement du système scolaire et de formation, de ses effets sur ses usagers, des enseignants et de leur rôle, etc. L'éducation, l'enseignement, la formation sont des enjeux omniprésents, qui nous concernent tous, quelles que soient nos connaissances et nos expériences en la matière: - statistiquement, en Suisse environ un habitant sur quatre est directement impliqué dans le champ de la formation; - financièrement, l'enseignement est, en importance, le premier poste budgétaire dans l'ensemble des dépenses publiques suisses; - économiquement, on a coutume de dire que les hauts niveaux de compétence et de qualification de la main d'oeuvre formée en Suisse sont les principales ressources d'un pays qui n'a pas de matières premières; - socialement, le système d'enseignement constitue, avec la famille, la principale instance de socialisation. Il joue un rôle déterminant non seulement de formation des individus, mais aussi d'orientation et de sélection sociales. C'est par son entremise que se déterminent de multiples insertions (professionnelle, associative, culturelle, politique, etc.) et donc que le processus de (re)production des clivages et des inégalités est légitimé. L'école est un bien commun; c'est un objet sur lequel tout le monde a quelque chose à dire, car chacun en a l'expérience. Les opinions à son sujet ne sont pas neutres. Elles témoignent de la situation sociale complexe des acteurs, elles révèlent leurs appartenances multiples et variées. Dans cette recherche, les divergences d'opinions sur l'école servent à analyser leurs fondements, c'est-à-dire les divisions sociales qu'elles révèlent au sein de la population de Suisse.
For this research, we considered that opinions about school and education are indicators of the way in which social actors are divided according to different factors (age, level of education, socio-political attitudes, socio-occupational integration, etc.). This study is based on the observation of the non-existence in Switzerland of reliable scientific works of national importance, studying the opinions held in the population about education and its objectives, the place of education in society, the functioning of the school system and training, its effects on its users, its teachers and their role, etc. Education, teaching, and training are ubiquitous issues that concern us all, whatever our knowledge and experience in this area: - statistically, in Switzerland about one in four inhabitants is directly involved in the field of education; - financially, education is the largest item in the overall Swiss public expenditure; - economically, it is generally stated that the high levels of competence and qualification of the workforce trained in Switzerland are the main resources of a country that does not have any natural resources; - socially, the education system is, along with the family, the main body of socialization. It plays a determining role not only in training individuals, but also in social orientation and selection. It is through the education system that multiple insertions (professional, associative, cultural, political, etc.) are determined and thus the process of (re)production of divisions and inequalities is legitimized. School is a common good; it is an object on which everyone has something to say, because everyone has had a schooling experience. Opinions about school are not neutral. They testify about the complex social situation of the actors, they reveal their multiple and varied affiliations. In this research, differences of opinion about school are used to analyze their foundations, that is, the social divisions they reveal within the population of Switzerland.