The project is inspired by Habermas's conception of public space, where a debate - critical or not - is instituted on public policies and the discussion on the function and character of public space in democracy. The public space is composed of multiple arenas, but the main arena today, by virtue of the extent of the public that attends the debate, is constituted by the mass media (Gamson 1992). Public opinion, defined as the product of debate or rather the consonance of the statements of speakers expressing themselves in the public space, may be dominant or on the contrary divided. This opinion is to be distinguished from the opinion of the public, which is the aggregate of private opinions held by individuals. The opinion of the public is analysed in a privileged way through opinion surveys, whereas public opinion is analysed through an analysis of statements expressed in the media. In this perspective, the crucial question arises of the output of the public debate on the opinion of the public. To what extent does public debate influence the public who attend it? Formulated in this way, we find the classic questions that have animated research on the effects of the media on individuals and their influence on the formation of public opinion. Research on agenda setting is one illustration thereof (Mc Combs and Shaw, Funkhouser). But if public space exercises an influential function in the formation of opinions, then there is also a crucial question of access to this space and its democratic character. Indeed, public opinion must be distinguished from the opinion of the actors concerned and actively involved in public policy issues, and who are part of the policy-network on this issue. These actors can be grouped together with Sabatier (1993) into at least two "advocacy coalitions", each composed of various actors such as politicians, interest groups, associations, editorialists, experts, intellectuals, etc. and sharing a common belief system or, in the words of Gamson and Modigliani (1986), a "frame package". The question of access to public space is all the more critical for actors who have formal access to decision-making. The opinion or opinions that emerge in the public space potentially differ from those of advocacy coalitions for several reasons related to mechanisms of access to the public space. Some actors may be excluded from the public space and may not be able to become, in the words of Hartley (1982), "accessed voices", i.e. public speakers, despite their efforts. It is precisely the question of the rules of access to the public space by policy-network members that concerns us in this research. We will try to show that the ability of actors to become public speakers depends on several factors: their position in the decision-making process, itself determined by the political system, the values of journalists, which vary according to the country, and the resources that the actors control and invest, notably in public relations. To demonstrate these effects, we analyse the coverage of political campaigns on the theme of new social movements in the press.
Le projet s'inspire de la conception de l'espace public de Habermas, où s'institue un débat - critique ou non - sur les politiques publiques et la discussion sur la fonction et le caractère de cet espace dans la démocratie. L'espace public est composé de multiples arènes, mais l'arène principale aujourd'hui, en vertu de l'étendue du public qui assiste au débat, est constituée par les mass médias (Gamson 1992). L'opinion publique, définie comme le produit du débat ou plutôt la consonance des énoncés des locuteurs s'exprimant dans l'espace public, peut être dominante ou au contraire divisée. Cette opinion est à distinguer de l'opinion du public, laquelle est l'agrégat des opinions privées tenues par les individus. L'opinion du public s'analyse de manière privilégiée à travers des enquêtes d'opinion, alors que l'opinion publique s'analyse à travers une analyse des énoncés exprimés dans les médias. Dans cette perspective, se pose la question cruciale de l'output du débat public sur l'opinion du public. Dans quelle mesure le débat public influence-t-il le public qui y assiste? Formulé de cette manière, on retrouve les questions classiques qui ont animé la recherche sur les effets des médias sur les individus et l'influence de ceux-là sur la formation de l'opinion public. La recherche sur l'agenda setting en est une des illustrations (Mc Combs et Shaw, Funkhouser). Mais si l'espace public exerce une fonction d'influence dans la formation des opinions, se pose alors également une question cruciale, située en amont cette fois-ci, de l'accès à cet espace et de son caractère démocratique. En effet, l'opinion publique est à distinguer de l'opinion des acteurs qui sont concernés et s'occupent activement de l'enjeu de la politique public, et qui font partie du "policy-network" sur cet enjeu. On peut regrouper avec Sabatier (1993) ces acteurs en, au moins, deux "advocacy coalitions", chacune étant composée d'acteurs divers comme des politiciens, des groupes d'intérêts, des associations, des éditorialistes, des experts, des intellectuels, etc. et partagent un système de croyance commun ou, dans les termes de Gamson et Modigliani (1986), un "frame package". La question de l'accès à l'espace public est d'autant plus critique pour les acteurs qui ont un accès formel à la décision. L'opinion ou les opinions qui se dégagent dans l'espace public diffère potentiellement de celles des advocacy coalitions pour plusieurs raisons qui tiennent aux mécanismes d'accès à l'espace public. Certains acteurs peuvent être exclus de l'espace public et ne pas parvenir à devenir, dans les termes de Hartley (1982), des "accessed voices", i.e. des locuteurs publics, et ceci malgré leurs efforts. C'est précisément la question des règles d'accès à l'espace public par les membres du "policy-network" qui nous préoccupe dans cette recherche. Nous chercherons à montrer que la capacité des acteurs à devenir un locuteur public dépend de plusieurs facteurs: leur position dans le processus de décision, lui-même déterminé par le système politique, les valeurs des journalistes, variables selon les pays, et les ressources que les acteurs commandent et investissent, notamment dans les relations publiques. Pour démontrer ces effets, nous analysons la couverture de campagnes politiques sur le thème des nouveaux mouvements sociaux dans la presse.