The research program entitled "Principles of a fundamental didactics of grammar" is broadly articulated around three pedagogical questions. The first is methodological: if it is now accepted that grammar includes, in addition to the rules of phrasal syntax, a set of rules for structuring texts, can or should the teaching methods concerning these two sub-fields be similar or different? The second question arises from the duality of the objectives assigned to grammar teaching (objectives to which we give equal importance and status): on the one hand to build knowledge of the units and the language system; on the other to develop skills that are useful for producing and understanding texts. How can we go beyond the partitioning of these fields without inducing the idea that, since it is opposed to partitioning, “articulation” is a necessarily unique or uniform didactic logic? To avoid the risk of such a leveling off, we immediately recommend two types of engineering relating to articulation : one advocating the integration of grammatical activities into the approach to the properties of texts, the another advocating the interaction between an autonomous work of constructing grammatical notions and the subsequent work of exploiting these assets in textual activities. The purpose of research in this area is to highlight the respective potentialities and effects of these two types of devices and to determine if one of them can be privileged in teaching programs, according to the levels or the grammatical objects targeted. The third question follows from the heterogeneity of the orientations and contents of theoretical and school grammars, as well as from the practical dimension of teaching objectives. In a field where the reference knowledge is multiple, heterogeneous, shifting and unstable, as is the case in grammar, what is the relevance of the theory of didactic transposition, developed for other school disciplines, in particular for mathematics where the body of reference knowledge is much more homogeneous? It is worth asking whether it is necessary to readjust the conceptualization of didactic transposition according to the characteristics of the grammatical domain. The entire research project is being carried out in the French-speaking cantons, in 7-8th (primary level) and 10-11th (secondary level) classes. It is centered on two teaching objects on the program of these school levels: the function of noun phrase complements and past tense values. For these two grammatical objects, the research program includes the following major phases: - Documenting the situation of their teaching, by: • analyzing the didactic resources present in the documents and manuals; • analyzing ordinary teaching practices for these objects; • examining, through interviews, the representations that teachers have of these objects and how they should be taught; • examining the difficulties encountered by the pupils, but also of the reasoning which they put in place during the lessons on these two objects. - Developing and testing two types of teaching sequences, one designed according to the logic of integration and the other according to the principle of alternation between grammatical work and textual work. - On the basis of the results obtained in this experiment, revising the pedagogical sequences initially designed or building new sequences that can be integrated into teaching programs and made available to teachers and trainers. - Finally, developing engineering principles highlighting the pedagogical frameworks suitable for teaching the two objects and, on this basis, proposing an extension of the devices to other grammatical objects, as well as modeling the transposition relevant to grammar education in general.
Ce projet de recherche est motivé par les difficultés que rencontre l’enseignement grammatical en Suisse romande et dans les autres communautés francophones : de nombreux élèves ont d’importants problèmes de maitrise pratique et théorique des notions et règles grammaticales, et nombre d’enseignants sont désorientés par l’hétérogénéité des systèmes notionnels et des méthodes proposés dans les programmes et les manuels. Cette situation suscite trois questions. La première est d’ordre méthodologique : s’il est admis désormais que la grammaire inclut les règles de la textualité tout autant que celles de la syntaxe phrastique, les méthodes d’enseignement sur ces deux axes doivent-elles être similaires ou différentes ? La deuxième question découle de la double orientation des objectifs assignés à l’enseignement grammatical, à savoir construire des connaissances du système de la langue et développer des compétences utiles pour la production et la compréhension de textes. Pour y faire face, divers dispositifs sont en concurrence, certains se caractérisant par une insertion du travail grammatical au sein d’activités centrées sur la production/compréhension des textes, d’autres différenciant nettement deux temps didactiques, l’un exclusivement consacré à l’analyse grammaticale, l’autre exploitant les acquis de cette analyse dans des activités textuelles : lequel de ces dispositifs privilégier ? La troisième question a trait à l’hétérogénéité des modèles théoriques de référence et des objectifs pratiques de l’enseignement grammatical : dans quelle mesure ces facteurs requièrent-ils une adaptation de la théorie de la transposition didactique aux conditions particulières de l’enseignement grammatical ? Le présent projet a pour but de fournir des réponses à ces trois ordres de questions, tout en élaborant des propositions concrètes de clarification des objectifs et d’amélioration des dispositifs de l’enseignement grammatical. Il est centré sur deux objets emblématiques des deux axes du domaine grammatical : - la fonction de complément du nom dont les recherches didactiques ont montré qu’elle donnait lieu à des activités cloisonnées d'identification et de dénomination, sans prise en compte de son rôle dans l’organisation textuelle ; - les valeurs des temps du passé dont les recherches ont montré qu’elles s’enseignaient en prenant comme seuls supports des récits littéraires, sans extension à d'autres genres textuels et sans perspective de construction d'un savoir systémique relatif aux valeurs potentielles de l’ensemble des temps verbaux. Pour ces deux objets, il s’agit de clarifier la situation de leur enseignement, par une analyse des ressources didactiques, par un examen des représentations qu’ont les enseignants de ces objets et des conditions de leur enseignement et par une analyse des difficultés rencontrées par les élèves. Il s’agit ensuite d’élaborer et d’évaluer les effets de deux types de séquences d’enseignement, l’une conçue selon un principe d'intégration structurante (SIS) et l’autre selon un principe d'alternance rapprochée (SAR) entre travail grammatical et travail textuel, et en tenant compte des résultats obtenus, de construire des séquences d'enseignement diffusables dans les milieux scolaires et de formation. Il s’agit enfin de mettre en évidence les particularités de la transposition didactique des deux objets sous analyse et, sur cette base, d’élaborer un modèle de la transposition potentiellement généralisable à tous les objets similaires du domaine grammatical. L’impact de cette recherche est triple : elle fournit des indications nuancées sur les modalités efficaces d’articulation entre enseignement grammatical et enseignement textuel, exploitables par les enseignants, les formateurs et les concepteurs de programmes ; elle fournit des éléments pour l’élaboration de supports didactiques pertinents ayant trait aux objets examinés ; elle permet un approfondissement de la problématique de la transposition didactique tenant compte des spécificités de l’élaboration et de la circulation des savoirs grammaticaux.